La priorité accordée aux "valeurs morales" a profité à George Bush
En mobilisant sa base tout en gagnant les indécis, le camp républicain a drainé les suffrages d'une opinion qui a placé l'avortement ou le mariage gay en tête de ses préoccupations. L'élection indique que les Etats-Unis sont plus conservateurs que ne le pensaient les observateurs.
New York de notre correspondant
La mobilisation de l'électorat américain, avec plus de 120 millions de votants et une participation à son plus haut niveau depuis 1968, laissaient augurer une victoire démocrate. Il n'en a rien été. Au contraire, les républicains ont creusé l'écart, à la surprise de la plupart des observateurs.
Ils ont réussi tout à la fois à rameuter leur base et à convaincre de nombreux indécis. Le scrutin s'est finalement résumé à un référendum sur quatre sujets : les "valeurs", le terrorisme, l'économie et la guerre en Irak.
Selon les sondages réalisés à la sortie des urnes, le thème cité en premier par plus de 22 % des personnes interrogées était celui des "valeurs morales", devant l'économie (20 %), le terrorisme (19 %) et l'Irak (15 %). Les électeurs préoccupés par "la défense des valeurs" ont déclaré avoir voté à 79 % pour le président sortant et ceux qui ont fait du terrorisme leur principale préoccupation ont choisi presque dans la même proportion George Bush.
En revanche, John Kerry a recueilli les suffrages de 80 % des Américains inquiets de la situation économique et de l'emploi et de 75 % de ceux qui ont mis l'Irak en tête de leur liste.
Au lendemain de l'élection présidentielle, les Etats-Unis apparaissent comme un pays bien plus conservateur que les experts politiques et les médias, y compris américains, l'imaginaient. Ainsi, même dans l'Ohio, un Etat où ont été perdus un quart des emplois industriels du pays depuis quatre ans et qui aurait, logiquement, dû revenir à John Kerry, les sondages montrent que près de 25 % des électeurs se sont déterminés en fonction des "valeurs morales".
UN PAYS EN GUERRE
George Bush a même fait oublier le précepte de Richard Nixon selon lequel, pour accéder à la Maison Blanche, un républicain doit d'abord séduire l'aile conservatrice de son parti et ensuite se tourner vers les centristes. "Bush n'a même pas cherché à convaincre au centre. Il a eu pour seul souci et pour seule stratégie de satisfaire et de donner de l'énergie à sa base", explique John Zogby, spécialiste des sondages. Karl Rove, le stratège républicain, a réussi à faire voter en faveur de George Bush les 4 millions de chrétiens évangélistes qui lui avaient, selon lui, fait défaut en 2000. Le président n'a cessé de donner des gages sur les questions éthiques comme l'avortement, le mariage homosexuel ou la recherche sur les cellules souches embryonnaires.
Mais, dans le même temps, il a aussi réussi à convaincre les indépendants qu'un changement à la Maison Blanche était trop risqué pour un pays en guerre et menacé. "La performance du tandem Bush-Cheney prouve qu'il n'y a, en fait, pas de contradiction entre chercher à satisfaire notre base et convaincre les électeurs indécis", souligne Ralph Reed, responsable de la campagne républicaine dans le Sud-Est. "A qui pouvez-vous faire confiance ?", n'a cessé de marteler George Bush lors de ses meetings. La propagande républicaine a présenté pendant des mois John Kerry comme "faible" en matière de sécurité et de défense, incohérent face au terrorisme et incapable de devenir "commandant en chef". Et jamais, dans l'histoire du pays, un président sortant n'a perdu une élection pour un second mandat quand le pays était en guerre. Toujours d'après les sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote, George Bush a amélioré ses positions par rapport à l'élection de 2000 auprès de la quasi-totalité des catégories d'électeurs. Il a recueilli 47 % du vote des femmes, soit 4 % de plus qu'il y a quatre ans. Il a perdu à nouveau la majorité du vote latino, mais en a tout de même obtenu 42 %, pour 55 % à John Kerry, soit 7 % de plus qu'en 2000. Cela explique sans doute les gains républicains dans des Etats comme la Floride et le Nouveau-Mexique.
AMPLEUR INATTENDUE
Le président sortant a récolté 43 % du vote urbain, soit 8 % de plus que contre Al Gore. Les républicains ont gagné également 4 % auprès des catholiques, qui avaient soutenu - à une faible majorité - Al Gore. Cette fois, les deux candidats, dont John Kerry, qui est catholique, se partagent à égalité cet électorat. George Bush a également amélioré son score auprès de la communauté juive, en gagnant 5 points, à 24 %, contre 76 % pour le candidat démocrate.
Enfin, le président a réalisé une performance exceptionnelle auprès des électeurs se rendant à l'église au moins une fois par semaine : il a, dans cette catégorie, devancé son adversaire de 21 points. Cela lui a permis d'être particulièrement fort dans la région des Appalaches, les Etats de la "Bible Belt" (Ceinture de la Bible) comme la Virginie-Occidentale, le Kentucky et l'Arkansas, auparavant acquis au Parti démocrate. Bill Clinton l'avait emporté dans ces trois Etats en 1992 et 1996. George Bush a gagné le Kentucky avec 20 % d'avance, la Virginie-Occidentale avec 11 % et l'Arkansas avec 9 %.
Le président remporte ainsi une victoire d'une ampleur inattendue avec, paradoxalement, une image personnelle auprès des Américains qui n'est pas exceptionnelle. Une majorité, 57 % contre 38 %, considère qu'il accorde plus d'attention aux intérêts des grandes entreprises qu'aux citoyens "ordinaires". Plus étonnant encore, 52 % des personnes interrogées après avoir voté se déclaraient "en colère" ou "mécontentes" du bilan de George Bush à la Maison Blanche.
Eric Leser
--------------------------------------------------------------------------------
55 % des hommes ont voté pour M. Bush
Le vote Bush est dominé par les hommes et les électeurs de race blanche. Selon le sondage CNN de sortie des urnes, 55 % des hommes ont voté pour le président sortant et 48 % des femmes. Le vote des Blancs - qui représente 77 % du total - est de 58 % en faveur de M. Bush, contre 41 % à John Kerry. Dans les autres groupes, M. Bush a obtenu 11 % du vote afro-américain (11 % du total) ; 44 % du vote latino-américain (8 % du total) ; 44 % du vote asiatique (2 % du total). Par revenus, on a voté de plus en plus pour George Bush en fonction de sa fortune. Ont voté Bush 44 % de ceux qui gagnent moins de 50 000 dollars par an (et 36 % de ceux qui gagnent moins de 15 000 dollars), mais 56 % de ceux qui gagnent plus de 50 000 dollars (et 63 % de ceux qui gagnent plus de 200 000 dollars). Cela ne recoupe pas les diplômes : ceux qui n'ont pas de diplôme d'études supérieures ont voté à 53 % pour M. Bush, les autres à 49 %.
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 05.11.04
www.lemonde.fr
Le due americhe si sono scontrate:da un lato l'America di Kerry giovane,dinamica,tollerante,laica rispettosa di tutti i credi,multirazziale e multiculturale,solidale,propensa al dialogo più che allo scontro.
Questa è l'America di New York,di Boston, di San Francisco etc...l'America che tutti ammiriamo,l'America che accoglie ed integra i nuovi arrivati.
Ma l'Ameica che ha vinto è quella di Bush:rozza,ignorante,egoista,bigotta.
L'America dell'Alabama .
Hanno vinto i fondamentalisti evangelici,i predicatori televisivi che invocano la distruzione dei valori di uguaglianza,fratellanza e solidarietà che vedono come il fumo negli occhi come realizzazione di chissà quale progetto "satanico".
Lo Stato di salute della società e della politica Usa sono unj problema che tocca da vicino tutti.
Non dobbiamo stare con le mani in mano ma se necessari dobbiamo mettere anche mano al portafoglio e sostenere tutte le organizzazioni che si battono per far progredire e liberare dai tabù oscurantisti quella che viene definità l'America profonda.
Prima che sia troppo tardi...