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Corse : l'enquête met en doute le récit des migrants

Cyrille Louis
24/01/2010 | Mise à jour : 23:10 | Commentaires 126 | Ajouter à ma sélection


Les 123 clandestins découverts à Bonifacio pourraient avoir gagné l'île de Beauté par ferry. La préfecture de Corse-du-Sud vient de renforcer les contrôles à l'arrivée des navires qui proviennent de Sardaigne ou d'Italie.

Et si les 123 migrants découverts vendredi matin sur une plage proche de Bonifacio n'y étaient pas arrivés par bateau, comme ils l'ont d'emblée affirmé ? L'hypothèse, qui peut paraître fantasque, retient de plus en plus sérieusement l'attention des enquêteurs. Ce week-end, les vérifications menées à bord de deux embarcations jugées suspectes se sont révélées peu concluantes.

Samedi, un navire russe transportant une cargaison de bauxite a été fouillé à Porto Torres, en Sardaigne. Les indications fournies par un radar italien, selon lesquelles cette embarcation partie de Sicile s'était immobilisée jeudi soir à hauteur de Bonifacio, n'ont toutefois pas pu être confirmées. Diomanche, la perquisition d'un cargo battant pavillon ukrainien à Fos-sur-Mer n'a pas livré davantage de fruits. Vendredi, il avait été vu à proximité d'un canot de sauvetage capable d'accueillir plusieurs dizaines de passagers. De plus amples vérifications ont cependant établi qu'il tentait alors de remorquer cette embarcation laissée à l'abandon en pleine mer.

A Bonifacio, les auditions des clandestins n'ont pas plus éclairé les enquêteurs. S'exprimant en kurde, tous ont refusé de dévoiler leur nationalité et se sont contentés d'affirmer qu'ils ont été convoyés par camion vers la Tunisie, où ils seraient montés à bord d'un cargo avant d'être débarqués sur les côtes corses. En outre, les gendarmes ont été surpris de constater que les femmes étaient maquillées, les hommes rasés de frais et que leurs vêtements ne portaient aucune trace d'eau de mer. «Pour toutes ces raisons, nous nous demandons si ces migrants ne nous livrent pas un récit mensonger qui aurait été préparé à l'avance afin de protéger les passeurs de nos recherches, explique le procureur d'Ajaccio, Thomas Pison. Nous allons donc conduire des investigations plus larges pour vérifier chacune de leurs affirmations».

En attendant, les contrôles menés à l'arrivée des ferries en provenance de Sardaigne et d'Italie ont été renforcés. «Il n'est en effet pas exclu que ces migrants soient en réalité arrivées en Corse à bord d'un camion qui, lui, aurait transité par la mer», explique-t-on à la préfecture d'Ajaccio.


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