Il caso Siné

[Harm Wulf]

http://www.effedieffe.com/content/view/3960/183/



«Antisemita su Sarko jr» Vignettista licenziato
Corriere.it
22 luglio 2008


Sarko jr e il vignettista punito «Satira antisemita»: il direttore di Charlie Hebdo licenzia una firma storica«Nessuna pressione dall' Eliseo», ma l' autore accusa: «Leccapiedi» Il figlio del presidente penserebbe a una querela

Pare che i giornali satirici francesi facciano notizia non quando fanno ridere, ma quando le sparano grosse. Charlie Hebdo, che ebbe notorietà per aver ripubblicato le vignette «blasfeme» su Maometto, è tornato alla ribalta per una rubrica dal contenuto giudicato antisemita. L' articolo chiama in causa Jean Sarkozy, figlio del presidente della Repubblica, e accenna a una presunta conversione di comodo all' ebraismo per convolare a nozze con Jessica Sebaoun, figlia del fondatore dei grandi magazzini Darty.

«Farà molta strada nella vita questo ragazzo, tutto suo padre», ironizzava l' autore, Siné, settantenne firma storica di Charlie Hebdo. Nel caso delle caricature sul Profeta, il giornale fece quadrato, si difese in tribunale, si attirò il sostegno di Sarkozy, all' epoca ministro dell' Interno, il quale disse di preferire «qualsiasi tipo di satira alla censura».

Oggi il direttore del settimanale, Philippe Val, ha deciso il licenziamento di Siné, ritenendo la sua satira «antisemita» e lesiva dell' immagine del giornale: «Siné ha superato ogni limite; il suo testo diffonde una voce falsa (circolata da tempo su blog e siti) stabilisce un legame fra conversione all' ebraismo e successo sociale. Inaccettabile».

In primo momento, Val si era limitato a proporre a Siné di presentare scuse pubbliche. Richiesta rifiutata: «Se la fidanzata di Jean Sarkozy fosse stata la figlia di un emiro avrei scritto la stessa cosa. E così se fosse stata cattolica. Non sono antisemita, è una vita che mi batto per la tolleranza e contro ogni forma di razzismo. Porterò in tribunale chi mi accusa di antisemitismo», ha promesso il disegnatore, accusando fra l' altro il direttore e i colleghi che non gli hanno dato solidarietà di essere «dei leccapiedi».

Ovvio il sospetto, da parte del vignettista, che dietro il suo licenziamento ci sia un altro genere di opportunismo: l' ossequio a Sarkozy. Non risulta che ci siano state pressioni da parte dell' Eliseo, nemmeno per smentire la vicenda matrimoniale di Jean, oggi impegnato in politica con un posto di responsabilità a Neully-sur-Seine. Ma essendo noti i rapporti non proprio idilliaci del presidente con le redazioni, le dichiarazioni di Siné hanno fatto lievitare polemiche.

Il caso è stato sollevato da un giornalista del Nouvel Observateur, Claude Askolovitch, il quale, come riferisce il direttore di Charlie Hebdo, avrebbe fatto presente l' «amarezza» del figlio di Sarkozy, adombrando l' ipotesi di una querela: «Jean si è sentito ferito, così come sua madre e i parenti della ragazza, ti faranno un processo». Sulla questione, si è anche espressa la Lega internazionale contro razzismo e antisemitismo ritenendo: licenziamento «perfettamente» giustificato da «frasi indegne».

Il disegnatore sembra piuttosto isolato all' interno della redazione, ma ha ricevuto il sostegno di altre penne della satira. Val gli ha mosso un altro appunto: «L' aver toccato la vita privata dei due giovani». Una conversione, vera o presunta, dovrebbe essere considerata un fatto privato. Altrimenti si rischia, anzi si perde, il posto.

Nava Massimo

Fonte: Corriere.it

[Harm Wulf]

<http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-07-24-Antisemitisme#nh1>

La valise diplomatique jeudi 24 juillet 2008

L'« affaire Siné » / Antisémitisme : l'échec d'un chantage

Cette fois, ça n'a pas marché. Depuis le début des années 1990, on ne
comptait plus les adversaires de l'impérialisme, du néolibéralisme, des
médias dominants..., qualifiés d'antisémites, voire de « nazis » par
quelque gardien de l'ordre social. Le prétexte pouvait être léger,
inexistant même. Qu'importe : écrasé par la gravité de l'imputation,
l'accusé devait aussitôt exciper de ses états de service antiracistes,
évoquer la liste de ses amis et parents promptement transformés en
cautions de moralité, autopsier un trait d'humour plus ou moins réussi.

Rien n'y faisait. Car seul le tribunal de l'Inquisition et ses juges
inamovibles (Alain Finkielkraut, Ivan Rioufol, Alexandre Adler,
Philippe Val, Bernard-Henri Lévy) avaient la permission de manier
l'irrespect, la provocation, de frôler (ou de franchir) la ligne jaune
de la stigmatisation collective. Eux pouvaient justifier - au nom de
Voltaire et du droit à la caricature - leurs dérapages sur, par
exemple, la couleur des joueurs de l'équipe de France ou l'assimilation
de l'islam au terrorisme.

Torquemada n'avait rien à redouter. Quadrillant les médias, il
déployait les techniques décrites dans Le Barbier de Séville - « Puis
tout à coup, on ne sait comment, vous voyez la calomnie se dresser,
siffler, s'enfler, grandir à vue d'oeil ; elle s'élance, étend son vol,
tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et
devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus
universel de haine et de proscription ». A une différence près : le
« on ne sait comment » de Beaumarchais était dépassé puisque nul
n'ignorait à cause de qui Edgar Morin, Pierre Péan et Philippe Cohen,
Daniel Mermet, Hugo Chavez, Pascal Boniface, Jacques Bouveresse,
Charles Enderlin, Pierre Bourdieu, José Bové... sans oublier Le Monde
diplomatique (1), ont été tour à tour suspectés ou accusés
d'antisémitisme.

En juillet dernier, un journal qui se voulut autrefois « bête et
méchant » - et qui s'ingénie sur ce point à passer du second degré au
premier - a entrepris d'ajouter à la liste le caricaturiste Siné.
Torquemada, cette fois incarné par Philippe Val, est l'employeur du
contrevenant. Il lui a fallu une semaine pour décréter que l'une des
chroniques de Siné, publiée, avec son imprimatur, dans Charlie Hebdo
était... antisémite. Terrible absence de vigilance ou accusation ciselée
pour se débarrasser d'un gêneur, comme le soupçonnent à la fois
l'auteur du « délit » et d'autres caricaturistes (Martin,
Lefred-Thouron, Willem, Pétillon, Tignous) ? Récalcitrant, le prévenu a
refusé de signer la lettre d'aveux que le patron du journal,
s'inspirant pour le coup d'une tradition assez peu satirique, avait
rédigée pour lui. Il a été congédié. L'affaire aurait pu en rester là,
et Siné demeurer au banc d'infamie, lâché par la plupart de ses anciens
camarades, sa photo bientôt gommée des albums commémoratifs.

Seulement, cette fois, l'affaire semble se retourner contre ses
instigateurs. En marquant leur solidarité avec le dessinateur calomnié,
des milliers de personnalités, d'intellectuels, de journalistes et
d'anonymes ont signifié que ce manège devait cesser. Et que
l'imputation d'antisémitisme, ce « mot qui tue » du débat intellectuel
français, ne saurait être utilisée comme argument de convenance ou
d'autorité pour discréditer un adversaire trop remuant.
Pierre Rimbert