Ho tratto questa notizia dal sito di Figaro.fr e mi convinco sempre più che i magistrati come Garzon ed altri ,che si sono fatti un nome ,dovrebbero essere tenuti a freno.

Garzon, le médiatique juge qui dérange les Espagnols

Madrid, Diane Cambon
12/11/2008 | Mise à jour : 181 | Commentaires 32 .

Près de trente ans après le retour de la démocratie, Baltasar Garzon est le premier magistrat à incriminer les responsables d'une guerre civile (1936-1939) qui a débouché sur quatre décennies de dictature. Crédits photo : AFP
Célèbre dans le monde entier pour avoir lancé un mandat d'arrêt international contre Pinochet, le juge espagnol Baltasar Garzon s'en prend cette fois aux auteurs des crimes franquistes. Mais sa volonté de fouiller un passé douloureux et tabou est loin de faire l'unanimité. N'est-ce pas le coup d'éclat de trop pour ce justicier à la prétention universelle ?

«Le juge Baltasar Garzon a-t-il perdu le nord ?» Le sénateur du Parti populaire (droite) Augustin Conde n'est pas le seul à se poser,ces jours-ci, cette question en Espagne. Même si, depuis quinze ans, les coups d'éclat du plus célèbre des magistrats espagnols font partie du quotidien, sa dernière initiativea eu l'effet d'un tsunami.

En ouvrant une instruction sur les victimes républicaines du franquisme, dans laquelle il accuse Franco et trente-quatre de ses généraux de crimes contre l'humanité, Garzon a brisé le tabou le plus sensible de son pays.

Certes, la «récupération de la mémoire historique» occupe une place à part dans les médias espagnols, surtout depuis que le gouvernement socialiste a approuvé en 2007 une loi visant à réparer les fautes commises contre les victimes républicaines. Mais personne n'avait osé transposer sur la scène judiciaire ce sombre volet de l'histoire. Près de trente ans après le retour de la démocratie, il est le premier magistrat à criminaliser les responsables d'une guerre civile (1936-1939) qui a débouché sur quatre décennies de dictature et fait près de 11 000 disparus. Il a ordonné l'ouverture de 19 fosses communes, dont celle où gît le poète Federico Garcia Lorca.

Mais qui d'autres que Garzon aurait pu avoir une telle audace ? «Pour s'attaquer à un dossier aussi polémique, il faut être avide de notoriété, croireen la justice universelle et ne pas craindre d'avoir des ennemis», commente le politologue Josep Ramoneda. Le juge andalou, âgé de 52 ans, réunit ces trois caractéristiques.

«Super Garzon», comme il est surnommé, aime se camper en don Quichotte des temps modernes. Sur son visage sérieux, on peut lire sa conviction d'être un «justicier universel» au-dessus de la mêlée, un «juge incorruptible» bataillant contre les impunités et les puissants de ce monde. Dans sa biographie écrite par son amie, la journaliste Pilar Urbano, Garzon, el hombre que veía amanecer («Garzon, l'homme qui voyait le jour se lever»), l'intéressé assène : «Face aux crimes contre l'humanité, il n'y a ni ne peut y avoir de frontières. Toute la communauté internationale est victime de l'agression.» C'est en se fondant sur ces principes qu'il lance, en 1998, un mandat d'arrêt international à l'encontre d'Augusto Pinochet, et obtient la levée de l'immunité de ce dernier. Son bras de fer avec l'armée d'avocats de l'ancien dictateur chilien reste célèbre, même s'il n'est pas parvenu à l'arrêter. Peu après, il inculpe l'ancien militaire argentin Ricardo Miguel Cavallo pour génocide, terrorisme et actes de torture. Cette fois, il réussira à l'extrader vers l'Espagne, une première dans le droit international.

Conscient d'être un juge pas comme les autres, Garzon cultive sa renommée planétaire. En septembre 2003, il fut le premier magistrat au monde à inculper Oussama Ben Laden. Depuis sa nomination à l'Audience nationale, la plus haute instance judiciaire du pays, à l'âge de 33 ans, il privilégie les dossiers les plus explosifs, et donc aussi les plus médiatiques. Il est présent sur tous les fronts judiciaires : ETA, terrorisme islamique, corruption, crimes contre l'humanité, narcotrafic, blanchiment d'argent, grand banditisme.

Il y a du moine-soldat chez don Baltasar Garzon. Nul doute que cet ancien séminariste d'origine modeste est entré dans la carrière judiciaire comme on embrasse une seconde vocation. Sorti de la faculté de droit avec les félicitations du jury, il a démarré sa carrière de magistrat en 1980. La mèche poivre et sel impeccablement lissée en arrière,il a des allures de notable dans ses costumes stricts et son incontournable gabardine beige. Il est doué d'une capacité de travail importante. «C'est un tenace, un boulimique du travail entouré d'un staff pléthorique, commente un avocat. Il dort cinq heures par nuit et aligne des journées de douze heures.»

Son caractère et son ambition lui ont pourtant fait commettre des erreurs. La plus évidente est son incursion en politique, aussi brève que controversée. En 1993, il est nommé par l'ancien président socialiste du gouvernement, Felipe Gonzalez, secrétaire d'État à l'Action antidrogue. Un an plus tard, il claque la porte. Motif officiel : la lutte contre la corruption politique n'allait «pas assez vite». Raison avancée par les socialistes : Garzon a péché par ambition, voulant devenir le numéro deux du gouvernement. De retour dans son bureau de juge, il se venge : Garzon déterre un vieux dossier sur les GAL (groupes antiterroristes, auteurs de 27 assassinats de séparatistes basques dans les années 1980). Deux hauts dirigeants socialistes, dont l'ex-ministre de l'Intérieur José Barrionuevo, termineront sous les verrous.

Plus tard, il reconnaîtra qu'il avait pêché par orgueil. Car il y a aussi une certaine dose de mégalomanie chez Garzon. La presse ne cesse de railler «sa vanité, sûrement aussi grande que son culot». Ses détracteurs le décrivent comme une vedette plus préoccupée d'occuper la une des journaux que de bien ficeler ses dossiers. Les Espagnols ont d'ailleurs créé le mot de «garzonada» pour évoquer ces enquêtes aux retombées médiatiques immédiates, mais qui se terminent parfois en flops juridiques.

Ainsi, l'instruction ouverte contre les crimes du franquisme pourrait être de cette veine. La mise en accusation du juge est, de l'avis général, vouée à l'échec, sachant que les accusés ne sont plus en vie - Franco est mort en 1975 -, sans compter le recours déposé par le parquet espagnol.

Cette dernière instance soutient que l'enquête du juge va à l'encontre de la loi d'amnistie de 1977 en vertu de laquelle tous les responsables de la dictature jouissent de l'impunité. Dans son instruction, Baltasar Garzon estime cependant que la répression franquiste «ne peut en aucun cas être prescrite» : en se référant au procès des nazis à Nuremberg, le juge considère que les crimes contre l'humanité échappent à toute limite temporelle. Et, selon lui, en renversant en 1936 la «République espagnole légitime», le général Franco était animé par «une volonté d'extermination» de ses opposants, qu'il appelait «los Rojos» («les Rouges»). Toujours selon lui, le fait d'avoir modifié un système politique établi (la IIe République) constitue un autre «délit imprescriptible». Dans le passé, l'homme est presque toujours retombé sur ses pieds. Mais, cette fois, sur un sujet aussi sensible, il joue une partie très serrée.