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tziku
29-04-02, 11:47
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Le PKK se saborde et devient le Kadek.

Le Parti des travailleurs du Kurdistan, PKK, a annoncé, mardi 16 avril, qu'il "cessait toute activité" et qu'il se baptisait désormais le Kadek, Congrès pour la liberté et la démocratie au Kurdistan, selon un porte-parole, à l'issue du 8e congrès du mouvement d'extrême gauche kurde, connu pour sa résistance à la Turquie enclenchée en 1984. Le mouvement d'"Apo" Ocalan, condamné à mort en Turquie et qui a été désigné président du Kadek, n'a cependant pas convaincu les autorités turques sur son changement stratégique. Ismaïl Cem, ministre des affaires étrangères turc, a déclaré, que le PKK "ne modifie pas sa nature".
Le 8e congrès du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, risque fort de marquer l'histoire du mouvement de libération du Kurdistan turc. Après plusieurs jours de débats intenses entre les différentes sensibilités du PKK, le congrès, qui s'est tenu à Bruxelles – où l'implantation kurde est forte –, a décidé de cesser toute activité clandestine et terroriste contre la Turquie et de se baptiser désormais le Kadek, Congrès pour la liberté et la démocratie au Kurdistan.



L'ARRESTATION D'"APO" OCALAN, DÉBUT DE LA FIN

"Le PKK a accompli sa mission (...) et toutes ses activités sont terminées", a précisé son porte-parole.

L'organisation marxiste-léniniste, qui a mené pendant quinze ans une guérilla armée pour la création d'un Etat kurde indépendant sur une partie de la Turquie, avait plus ou moins renoncé à la violence après la capture de son chef légendaire, "Apo" Ocalan, en septembre 1999, au Kenya. Déboussolée par l'arrestation, puis la condamnation à mort de son leader, la direction du PKK s'était quelque peu démobilisée devant les assauts de plus en plus nombreux de l'armée turque. La guerre au Kurdistan a fait, en quinze ans de conflit, plus de 36 500 morts, selon un bilan officiel, et des centaines de milliers de réfugiés ou déplacés. Soutenue par la communauté internationale dans sa lutte contre le terrorisme, la Turquie était parvenue à freiner la volonté des leaders indépendantistes kurdes d'internationaliser leur cause, en dehors d'un écho relatif à l'intérieur de l'Union européenne, qu'Ankara souhaiterait rejoindre dans les meilleurs délais.

LE RÉSEAU INTERNATIONAL DU PKK

Créé en novembre 1978 par une dizaine d'étudiants sous la direction d'Abdullah Ocalan, dit "Apo", emprisonné actuellement sur l'île d'Imrali, au nord-ouest du pays, le PKK a à son actif plusieurs centaines d'attaques et d'opérations terroristes contre la Turquie. Ankara, qui a mobilisé plus d'un tiers de son potentiel militaire dans les provinces orientales rebelles, s'est heurtée à une vive résistance car les combattants kurdes jouissaient du soutien d'une importante partie de la population kurde. Critiqué par de nombreux Kurdes pour ses pratiques arbitraires et combattu par les forces turques aidées d'une milice paramilitaire fidèle à Ankara, le PKK était parvenu à rassembler plusieurs dizaines de milliers de partisans et pouvait compter sur une force armée d'environ 10 000 hommes. Proche de partis kurdes établis dans les grandes villes turques, le PKK jouissait également d'un dispositif actif en Europe, notamment en Allemagne, en Belgique, en Grèce et en France, où les réseaux kurdes fondaient leur influence en partie sur le racket et l'intimidation auprès des commerçants d'origine kurde.

Au Proche-Orient, les ramifications du PKK gagnent la Syrie et le Liban. D'après certaines sources, Damas aurait collaboré avec le PKK durant des années contre l'hégémonie de la Turquie en matière de contrôle de l'eau. Les relations avec les Kurdes d'Irak et d'Iran représentent une autre caractéristique du mouvement kurde de Turquie.

POUR UNE STRATÉGIE DE DROIT

En cessant toute activité militaire et en devenant le Kadek, la direction du PKK a donc choisi d'institutionnaliser sa cause. Le renoncement à toute action armée, même si le porte-parole s'est empressé d'ajouter qu'une force d'autodéfense du Kadek est maintenue en cas d'agression turque, place le mouvement kurde dans une action respectueuse du droit international. Pour Nihat Ali Ozcan, expert en terrorisme au Centre d'études stratégiques Eurasie, cette évolution semble normale. "Le PKK, dit-il, a réalisé dès les années 1990 qu'il ne pouvait atteindre son but par la force et a commencé à chercher un nouveau terrain, mouvement accéléré par la capture d'Ocalan. Et, depuis le 11 septembre, poursuivre des buts politique par le terrorisme et la violence est devenu risqué." "Il avait besoin de se déplacer sur un terrain où il serait reconnu par le système international et où il serait plus fort que l'Etat, et c'est le terrain politique", ajoute-t-il. Le département d'Etat américain avait placé le PKK sur la liste des organisations terroristes après le 11 septembre, une décision qui a dû peser dans le changement d'identité du PKK.

Changement d'identité peut-être, mais pas "de nature", semble préciser Ismaïl Cem, ministre des affaires étrangères turc, mardi 16 avril, à Luxembourg, lors d'une conférence de presse, à l'issue d'une réunion du conseil d'association Union européenne-Turquie avec ses homologues européens au Luxembourg. "Qu'une organisation terroriste change de nom, ce n'est pas vraiment un sujet qui retient toute notre attention. Ce n'est pas la première de mes préoccupations en ce moment", a-t-il déclaré. [Gaïdz Minassian, avec AFP]